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Première Navigation en bateau : Perros-Guirec Roscoff

Il y a quelques semaines, j'ai passé mon permis bateau, aux Sables d'Olonne.

Lors du permis bateau, il y a seulement 3 heures de pratique, qui ont principalement consisté en une petite navigation de 20 minutes, et un peu de mania à repécher un homme à la mer matérialisé par une bouée, et à accoster correctement dans le port.

En vacances à Trégastel, au nord de la Bretagne, j'ai donc décidé de louer un bateau et de faire une vraie navigation, comme j'ai l'habitude d'en faire en avion.

Avant de partir, il a fallu trouver un bateau. Le choix n'est pas très vaste, en tous cas quand on recherche ça sur internet. Je pense que sur place, c'est plus facile, en discutant, de louer un bateau, mais pour la première fois, je voulais passer par une société qui avait pignon sur rue, afin d'être assuré de ne pas me retrouver le bec dans l'eau une fois sur place. C'était pas gagné. Sur internet, j'ai donc trouvé une agence à Perros-Guirec, qui loue des bateaux, et l'un d'entre eux m'a bien plus. J'ai donc contacté Aventous Nautic, qui a une agence sur le port, et quasiment un ponton entier, pour leur demander de louer leur QuickSilver 6.40. L'accueil était très bon au téléphone, et le fait que je venais de passer le permis, sans même l'avoir encore reçu, n'a posé aucun problème, la réservation était faite. Pour le contrat, c'était autre chose, je devais le recevoir par la poste quelques jours avant, mais rien n'est arrivé malgré plusieurs relances téléphoniques. Je suis donc passé la veille de la location, pour être sûr que tout était bon, et on m'a bien assuré que le bateau était réservé, et on a signé les papiers.

QuickSilver 6.40 - Aventous Nautic

Le port de Perros-Guirec, plus précisément, le bassin à flot du Linkin, était le lieu de rendez-vous. Ce port est un bassin fermé permettant aux bateaux de rester à flot, même à marée basse, alors que les autres ports de plaisances de la ville (Perros-Guirec dispose de 4 zones de mouillage en plus de ce bassin à flot, les zone étant sur l'étran, elles ne sont pas praticables à marée basse). Pour sortir du port, il faut venir à marée haute et partir, puis revenir à la prochaine marée haute, tout en faisant attention aux horaires d'ouverture du bassin pour permettre de rentrer ou de sortir. Pour le 20 août, date de cette navigation, le bassin ouvrait de 4h45 à 8h25, puis le soir de 17h05 à 20h45. Voici ce que ça donne à marée basse :

Digue du port de Perros-Guirec à marée basse

D'après les calculs de marée que j'avais fait, avant de voir que les horaires étaient fixés au port, j'avais calculé qu'il était toujours possible de partir jusque vers 9h45, compte-tenu du tirant d'eau du bateau, mais nul besoin de réfléchir autant, la brochure donne les horaires et comme le bassin ne dispose pas d'écluse, il faut attendre que l'eau submerge le bassin pour que les portes soient ouvertes. On avait donc rendez-vous vers 8h pour le départ, à marée haute, et voilà le résultat :

Digue recouverte à marée haute - Perros-Guirec

Avant le départ, le soir comme le matin, j'ai bien vérifié la météo et notamment le vent, qui serait de force 4 la journée, et de 5 le soir, parfait pour le bateau de catégorie de conception C, qui resiste donc à un vent de force 6 et des vagues de 2m (la houle était annoncée par Météo France entre 0.5 et 1.5m).

Arrivé vers 7h50 (incroyable pour un jour de vacances, mais c'est souvent comme ça aussi pour les départs en avion), le directeur de l'agence arrive vers 8h05, au ponton. Je lui avais donc précisé que je n'étais pas trop sûr de moi, et je m'attendais à ce qu'il me montre comment ça allait se passer. On est monté sur le bateau, on a enlevé les amarres et il a sorti le bateau du port en m'expliquant un peu où se trouvait tout ce dont j'aurai besoin. On a passé les portes et il a rejoint la jetée hors du port, pour débarquer ... et me laisser me débrouiller ...

On est donc parti, avec un ami, pour faire cette navigation, à 2 sur le bateau. J'ai bien tout préparé : j'ai les cartes qu'il faut pour la totalité du trajet, un GPS perso bien programmé notamment pour prendre ma trace, et une VHF portable. Sur le bateau, on avait une VHF, et un GPS un peu mieux que le miens puisque celui-ci avait exactement les cartes SHOM alors que mon GPS n'avait que des marques GPS cliquables, et parfois quelques erreurs au niveau de la couleur (toutes les bouées sont apparemment vertes au lieu d'être vertes et rouge). Voici une photo du poste de pilotage pour vous donner une idée :

Poste de pilotage du Quicksilver 6.40

Seule la sonde installée sur le bateau ne fonctionnait pas correctement et indiquait des nombres aléatoires entre 0.1m et la profondeur réelle, donc pas très utile. Comme en avion, une boussole est bien placée et bien en vue, mais pas vraiment plus précise qu'en avion. A chaque vague, la boussole bouge un peu à droite ou à gauche.

Voici la trace du trajet à l'aller, en bleu foncé, le retour étant en bleu clair :

2013-PerrosGuirec-Roscoff-AR-SHOM-2

Le départ à Perros-Guirec, est sur la droite, et l'arrivée à Roscoff est à gauche. On est donc parti du port vers 8h15. Au début, j'avais prévu un certain temps à 5 noeuds, car il est interdit de faire plus de 5 noeuds dans la bande des 300m, mais apparemment, cette bande, qui correspond normalement à la sortir du port, donc au premier coude sur la carte, est un peu souple, et on se faisait dépasser par quelques uns, pendant que l'on devait dépasser ceux qui utiliser cet endroit pour pêcher. Rien de bien grave, la première partie s'est bien déroulée, et m'a permis de prendre en main le bateau et de trouver comment utiliser le GPS et la carte correctement. Après le coude, pour passer entre l'Ile de Tomé et la côte, une seconde bifurcation, cette fois vers la droite, après l'Ile de Tomé, était le point de départ de la grande branche vers les 7 îles.

On devait passer des 5 kt du départ à la vitesse de croisière de 15 kt. Le bateau a un moteur de 80cv, loin des 200cv du moteur du bateau utilisé pour le bateau-école, mais cela n'a pas posé de problème, car il est un peu plus léger et on n'était que 2 personnes à l'intérieur. J'ai donc augmenté à une vingtaine de noeuds ma vitesse, en essayant de suivre, sur la boussole, le cap 355 (on peut voir sur la trace qu'au début, c'était plutôt un cap 010 et après, j'ai suivi au GPS pour rattraper la trace prévue).

Je me suis aperçu de plusieurs choses pendant cette petite traversée entre l'île Tomé et les 7 îles :


  • tout d'abord, les distances que l'on pense voir entre le bateau et une côte ne veulent rien dire. On a beau voir une île, cela peut prendre plusieurs dizaines de minutes pour l'atteindre, il nous a fallut un quart d'heure pour faire les 2km qui nous séparaient des 7 îles.

  • ensuite, suivre un cap sur un bateau, c'est plus difficile que sur un avion. C'est certainement une question d'habitude, mais c'est aussi plus de paramètres à prendre en compte, notamment quand on utilise la boussole, car il y a les dérives du vent et du courant, et en plus il y a la houle qui fait bouger la boussole parfois dans une direction opposée.

  • enfin, ajuster sa vitesse est délicat car il y a déjà le capteur qui pose problème (la vitesse indiquée sur le bateau n'est vraie qu'avec de la chance), et ensuite l'accélérateur n'est pas forcément très simple à caler à la bonne puissance, et on ne peut pas caler un accélérateur à une vitesse, sinon il faut un régulateur, ce dont ce bateau ne dispose pas. Un vrai casse-tête pour le débutant que je suis.


Malgré tout, environ 15 minutes plus tard, on est arrivé au bon endroit, devant l'île de Rouzic, qui habrite une réserve d'oiseaux protégés :

Ile de Rouzic

On s'est arrêté quelques minutes pour prendre ces quelques photos, près de l'île de Rouzic, et des Noires de Rouzic, quelques rochers à fleur de l'eau qui entourrent l'île. On a du s'arrêté environ 2 ou 3 minutes tout au plus, et le bateau a fait demi-tour en dérivant, donc cela ne m'a pas rassuré, et on est ensuite reparti sur notre route. Voici un zoom sur la partie habitée par les oiseaux, que vous pouvez voir en cliquant sur la photo :

Ile de Rouzic et ses oiseaux

En repartant, on est parti au cap 310 en suivant la trace au GPS car dans cette zone, il y a beaucoup de rochers peu profond. Et l'orientation peut vite être perdue quand autour, il n'y a rien d'autre que ces quelques rochers. Donc pour éviter de me mettre dans une situation inconfortable, j'ai bien suivi la trace au GPS pour rentrer dans la zone protégée, où des milliers d'oiseaux volent et parfois plongent autour du bateau, en voici quelques uns, que vous verrez mieux en cliquant sur l'image :

Rochers sur l'Ile de Rouzic

Quand on voit la carte, plus haut, vous pouvez voir où nous sommes : au point le plus au nord de la carte (le plus en haut, le nord étant en haut). Maintenant, il faut rester au-dessus des 7 îles et prendre ensuite la longue ligne droite qui nous mènera ensuite à Roscoff. La durée estimée de ce trajet était entre 1h10 et 1h30, donc environ 1h loin de la côte, entre les 7 îles et l'arrivée sur Roscoff. Déjà un peu de stress en perspective.

Depuis le départ, suivant les zones, l'eau change parfois d'aspect. Parfois huileuse, parfois rugueuse, suivant le vent aussi, et la houle peut aller de quelques centimètres à quelques mètres. Le vent, de force 2 ou 3 au départ, s'intensifie un peu et la mer passe à plus rugueuse au nord de ces îles, mais il n'y a pas d'autre choix que d'y aller. Mon passager se sent un peu malade, ce qui n'est pas pour me détendre, il va donc s'asseoir à l'arrière pour prendre l'air. On est donc parti pour au moins une heure de navigation tout droit (si j'arrive à garder le cap) et sans contact avec mon passager. Plus la vitesse est rapide, vers les 18 - 20 kt, plus le bateau est stable et moins on send les remous des vagues, donc j'essaie de maintenir cette vitesse, mais à un moment, je sens que mon passager n'a pas pu se retenir, et j'ai du arrêter le bateau un instant le temps de voir si tout allait bien et de nettoyer un peu les bords du bateaux.

Cette longue navigation m'a permis de mieux prendre le bateau en main, car pendant une heure, il a fallut regarder où je me trouvais sur la carte, tout en gardant un oeil sur le GPS et en profitant si possible du paysage. Seule la prise de photo s'est avérée impossible, à cause des vagues, et pour cette première balade, je ne me sentais pas capable de faire les 2 en même temps. On est donc parti du point le plus au nord à 9h30, et on est arrivé à Roscoff à 11h30. Ce qui veut dire que l'on a mis un peu plus de temps que prévu, toutefois le temps que j'avais prévu n'incluait pas l'arrivée dans le port de Roscoff, qui m'a pris un certain temps, afin de bien m'assurer que j'étais au bon endroit. En fait, comme indiqué ci-dessus, il faut aussi faire confiance aux outils comme le GPS et la boussole ainsi que la carte, plutôt qu'à son sens de l'orientation, afin d'être sûr d'être au bon endroit.

On est arrivé à l'entrée du port de Roscoff. J'ai appelé, à la radio, le canal de la capitainerie, le canal 9, mais n'ai pas eu de réponse claire, donc je suis arrivé dans le port, et j'ai accosté au premier ponton disponible. C'était un exercice que je n'avais fait qu'une ou 2 fois lors de la première prise en main, mais pas avec ce bateau-là, et mon passager ne savait pas bien comment s'y prendre pour aller amarrer le bateau, donc on n'était pas fier. A peine le bateau était amarré que le zodiac de la gendarmerie arrivait et m'a demandé d'aller me mettre ailleurs. Je me suis gentiment excusé en leur demandant à qui je devais m'adresser, et ils m'ont dit d'insister à la radio. On est donc reparti (non sans mal) et j'ai réussi à avec quelqu'un à la radio qui m'a indiquer d'aller au ponton visiteur, au ponton D. J'ai trouvé une place, la place 47, et j'ai réussi à parquer le bateau correctement, et à l'amarrer rapidement et de manière stable : ma première navigation était terminée, et bien terminée.

La pause du midi était bien. Le port de Roscoff est navigable à toute heure et totalement neuf, mais un peu loin du centre ville, donc on a du marcher une bonne dizaine de minutes et on est arrivé sur le port du centre ville, un peu plus sec :

Port du centre ville de Roscoff

On en a profité pour aller manger, dans un très bon restaurant, La Bonne Etoile, tout près du port, où on a mangé pour moins de 20 €, entrée-plat-dessert avec des produits locaux et frais. Je le recommande.

On en a profité pour marcher un peu et se détendre, ainsi que pour trouver une pharmacie où on a demandé un médicament contre le mal de mer, pour éviter que le même problème ne se produise au retour. Comme Roscoff n'est pas très grand, on a pu voir un peu toute la ville, et on a du retourner à pied au port de plaisance, les bus de la ville ne fonctionnant pas entre 12h et 14h puis entre 15h30 et 18h (horaires bizarres !).

Je suis allé payer la redevance portuaire pour être resté plus de 2h, 10.30€, un prix que je qualifierai d'un peu cher, mais raisonnable au vu des infrastructures du port tout neuf.

Le retour a été un peu différent. Un peu plus cool pour mon passager, et aussi pour moi, l'apréhension que j'avais à l'aller et le stress de me retrouver tout seul à gérer un peu tout est passé. J'ai pris une vingtaine de minutes pour préparer le retour et faire le trait sur les cartes, et on est reparti vers 16h10, juste avant que le ferry, prévu pour partir à 16h30, ne commence à nous bloquer.

La Houle

 

La mer était tout aussi agitée, mais je pense avoir mieux maitrîsé le bateau, et le cap à suivre. Au lieu de regarder le GPS et un peu la boussole, j'ai plus regardé la boussole et l'horizon afin de mieux me situer, un peu comme en avion, en prenant un point assez loin à viser. Ca a permis de faire une bonne partie du trajet sans dévier de trop. Ce qui est un peu déroutant, surtout quand j'ai réussi à fixer un point à l'horizon, c'est de s'apercevoir que par moments, on ne voit plus le point à l'horizon : la houle est tellement haute que le bateau n'a plus de visibilité au-delà de la vague, soit quelques dizaines ou centaines de mètres. Mais on s'y fait.

On a aussi un peu plus longé la côte, car je voulais en profiter pour prendre des photos de Trégastel.

Voici ce que l'on voit du bateau :

Vue par la fenêtre

Donc j'ai réussi à faire quand même quelques photos, dont celle-ci de Plougasnou :

Plougasnou

Ensuite, on est arrivé à Trégastel, avec ses 2 plages, la première :

Plage de Trégastel

Et la seconde, avec le Forum (piscine chauffée) et mon hôtel, que l'on ne peut que deviner :

Trégastel - Le Forum

La fin de la nagivation était aussi intéressante pour moi, puisque j'ai pu utiliser mon GPS pour rejoindre la trace de l'aller afin de rentrer correctement au port. Voici la trace, cette fois avec la photo satellite :

2013-PerrosGuirec-Roscoff-AR-SAT-2

Pour finir, je suis arrivé au port vers 19h après avoir appelé le gérant de l'agence, qui nous a retrouvé au ponton essence, que voici (la pompe est sur la droite du ponton) :

Ponton essence à Perros-Guirec

Le gérant de l'agence nous a surtout remercié d'avoir ramené le bateau entier sans incident car les 2 autres bateaux loués ce même jour ont fini à l'atelier à cause de chocs sur la coque (l'un avec une digue et l'autre avec un ponton).

Je pense qu'après presque 6h de navigation, je ne sais pas faire grand chose, mais j'ai appris pas mal de choses, à retravailler la prochaine fois. Une chose importante reste à faire, c'est d'apprendre parfois à arrêter le moteur et à se laisser dériver ou bien à mouiller, je n'ai fait aucune de ces 2 choses jusqu'à maintenant.

La location du QuickSilver 6.40 me sera revenu à 250€ la journée (avec 1500€ de caution par chèque non débité) et j'en ai eu pour 55 litres d'essence SP95 à 1.66€/litre. C'est bon à savoir pour les prochaines fois.