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Bélénophobie : Guérir de la phobie des aiguilles

Depuis tout jeune, j'ai la phobie des aiguilles. Les prises de sang, les anesthésies chez le dentiste, tout cela me stresse beaucoup si bien que je n'arrive pas à dormir parfois plusieurs jours avant.


Pour que cela cesse, j'ai testé plusieurs choses. Je suis allé voir un psychiatre, qui m'a proposé une thérapie EMDR. C'est une thérapie qui est utilisée notamment pour les personnes ayant subit des chocs post-traumatiques, et qui semble fonctionner pour tout. Cette thérapie se focalise sur les souvenirs qui causent la phobie et le but est de les retraiter. Au bout de quelques séances, ne voyant pas d'avancée, j'ai arrêté.

Je me suis dit qu'en regardant des vidéos, il y en a plein sur YouTube, pour mieux comprendre comment on faisait des piqûres, ça pourrait enlever mon stress, car j'ai toujours pensé qu'en analysant, on pouvait se calmer, mais j'ai très vite arrêté car cela me causait du stress sans qu'il y ait de piqûre réellement, et créait des souvenirs et des images qui n'avaient pas lieu d'exister dans ma tête. A proscrire.

Je suis assez réceptif à l'hypnothérapie, donc j'ai voulu essayé quelques séances pour guérir de cette phobie, comme certains guérissent spontanément de la cigarette, mais je n'ai jamais vraiment vu de miracle, et même si l'hypnose m'a beaucoup aidé dans la vie pour gérer mes émotions et parfois mon sommeil, pas de miracle, je n'ai pas été guéri non plus.

Voilà mes aventures jusque là, pour tenter de guérir de cette phobie, en vain. Je n'y crois plus d'ailleurs, je ne pense pas que l'on puisse guérir d'une phobie, quel qu'elle soit, en un claquement de doigt.

Avant d'aller plus loin, je précise que je ne suis pas médecin ni scientifique et que je n'ai rien d'autre à proposer que ma simple expérience personnelle qui m'a permis de me sortir de ces crises d'angoisse à la vue ou à l'imagination d'une aiguille.

Tout d'abord, j'ai essayé de comprendre ce qui se passait quand je faisais une prise de sang. Je présente mon bras gauche, toujours, comme ça, s'il ne marche plus, c'est moins grave que le bras droit. Le stress monte, je me tords dans tous les sens, en essayant quand-même de laisser le bras à l'infirmière pour qu'elle puisse faire son travail sans être gêné. Parfois, à ce moment-là, mon stress est communiqué à l'infirmière ou au dentiste et cela devient gênant car certains me disent qu'on ne peut pas aller plus loin ou qu'il faut changer de position voire appeler des renforts (c'est arrivé une fois pour un vaccin).

L'infirmière frotte avec son coton, puis l'aiguille pénètre dans le bras et c'est là que tout commence : le rythme de ma respiration s'accélère de manière très importante et c'est le début de l’hyperventilation. Les symptômes commencent à arriver au fur et à mesure : les doigts commencent à piquer, j'ai différentes sensations désagréables. Heureusement, généralement la piqûre est terminé au bout d'une minute et après la tension redescend, mais pour certaines personnes, c'est suffisant pour tomber dans les pommes (ce qui ne m'est jamais arrivé).

Maintenant que le constat est fait, que faire pour arrêter cela. Comme je l'ai dit, j'ai essayé plusieurs méthodes pour enlever cette phobie, mais cela n'a jamais fonctionné. Au lieu de m'attaquer à la phobie, j'ai décidé de m'attaquer aux symptômes : l'hyperventilation.


Je me suis aperçu qu'une fois l'aiguille dans mon bras, c'est la panique et le temps s'accélère. Je suis incapable de savoir ce qu'est une seconde ou une minute, je dois simplement respirer, de plus en plus vite. Aussi, pour éviter cela, j'ai essayé de regarder comment je respirais. Généralement, il faut 3 à 4 secondes pour inspirer puis pareil pour expirer. Aussi, avec une montre, en regardant la trotteuse, j'ai essayé de me caler sur ces valeurs pour garder une notion du temps qui passe, et ce premier essai a été intéressant. Je n'ai pas fait d'hyperventilation, mais ce n'était quand-même pas idéal.

La fois suivante, je l'ai fait sans la montre, en me disant que ça irait mieux, et c'est reparti comme avant, donc on a une avancée.

Après quelques recherches, j'ai entendu parler de la cohérence cardiaque. Vous pouvez trouver beaucoup d'informations sur cette pratique sur le site Passeport Santé. Sans rentrer dans tous les détails, je me suis aperçu que j'utilisais déjà cette méthode qui consiste à inspirer pendant plusieurs secondes et expirer pendant plusieurs secondes, en cohérence avec les battements de mon cœur. En fait, quand je vais dormir le soir, j'entends mon cœur battre dans une oreille. Ca m’apaise et je me cale dessus pour respirer.

Je me suis donc dit que ça pourrait fonctionner pendant les piqûres. Malheureusement, pendant une piqûre, il y a trop de stress pour pouvoir entendre mon cœur battre (la position ne s'y prête pas non plus). Donc j'ai cherché s'il n'y aurait pas quelque chose pour m'aider, et je suis arrivé à trouver une application, sur mon mobile, qui s'appelle RespiRelax+, et qui fait simplement ça : une bulle monte, j'inspire, la bulle descend, j'expire. Je cale le compteur sur 5 secondes pour chaque, et ça fait quelque chose d'équilibré pour pouvoir garder mon calme.

Depuis que je fais ça, je ne fais plus d'hyperventilation pendant les piqûres, même si ça reste toujours un peu stressant, je ne regarde pas le matériel de l'infirmière, et généralement il faut 10 secondes par tube à remplir, donc je demande combien il y aura de tubes, et je sais que ça va durer 50 ou 60 secondes en général, soit 5 à 6 respirations, et tout se passe beaucoup mieux.

Le titre de cet article est peut-être un peu trompeur, car je ne suis pas guéri de cette phobie des aiguilles, mais j'ai trouvé une méthode qui me permet d'être moins stressé, et de moins stresser l'infirmière qui vient me faire la piqûre. Je ne regarde pas le matériel, j'allume mon téléphone sur l'application RespiRelax+ et je la laisse piquer. Généralement, comme je suis plus calme, je sens mieux ce qui se passe, mais une fois l'aiguille dans la veine, je respire en regardant la bulle sans faire attention au reste. Ca me permet de gérer ma respiration, et de focaliser mon esprit ailleurs que là où ça pique, et ça se termine toujours très bien.

A défaut d'être guéri de la phobie, je suis guéri de ses conséquences désagréables (picotements dans les doigts, sensations désagréables et parfois gêne pour l'entourage (l'infirmière, le dentiste, ...). C'est déjà un gros progrès.