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Green Border

Green Border est un film très politique. Avant même sa sortie en Pologne, il y a eu de nombreuses réactions de dirigeants politiques polonais pour dire que ce film est un film de propagande contre les soldats polonais qui gardent la frontière avec la Biélorussie. De nombreux articles en font état, en anglais (Associated Press, Notes From Poland, ...).

Je suis allé voir ce film, plutôt dans une vision humanitaire que politique, mais il est vrai que c'est difficile de le voir sans penser que derrière ce qui se passe là-bas, il y a des décisions politiques qui ont été prises en Pologne, au niveau Européen et Français qui ont contribué à ce qui se passe le long de cette frontière.

Ce film est très bien fait. Il est rempli de symboles et de situations montrées pour mettre le spectateur dans l'ambiance. Les réfugiés sont amenés près de la frontière polonaise, du côté biélorusse, et envoyé d'un côté puis de l'autre de la frontière. On s'aperçoit dans le film qu'il n'y a d'ailleurs pas un côté qui est mieux que l'autre, et des réfugiés meurent d'un côté comme de l'autre de cette frontière, que ça soit de violences, d'accidents ou de négligence.

le film est découpé en 4 parties qui tentent de montrer ce qui se passe à cet endroit, de 3 points de vue différents : du point de vue de la famille, des réfugiés, qu'ils viennent en l'occurrence de Syrie ou d'Afghanistan ; du point de vue des gardes frontières, c'est d'ailleurs la plus grande critique qui est faites sur ce film, c'est de ne pas avoir pris en compte ce point de vue correctement, même s'il occupe presque un tier du film, et montre comment certains gardes frontières ont du mal à faire leur travail car les ordres qu'ils reçoivent vont contre leurs convictions personnelles ; et du point de vue des activistes, qui essaient d'aider les réfugiés tout en restant dans les règles fixées par la loi, avec, comme épée de Damoclès, la police qui fait pression sur eux pour les éloigner de la zone où se trouvent les réfugiés.

Certaines scènes du films sont difficiles à regarder, et on comprend que les droits humains ne sont pas une priorité. Chacune des 3 parties essaie de faire au mieux pour s'en sortir, mais je comprends aussi que rien ne se joue sur place, ce qui se passe ici n'est qu'une conséquence de ce qui se passe beaucoup plus haut, entre la Russie et l'Occident, et c'est là un drame : une fois que les réfugiés sont sur le sol Polonais, ils croient avoir réussi leur voyage, mais ils s'aperçoivent que, même arrivés dans l'Union Européenne, leur voyage est loin d'être terminé.

J'ai retenu certaines scènes du film, en plus de l'histoire principale, notamment un moment où le groupe d'activistes est dans la forêt en train d'essayer d'aider des réfugiés, et on entend puis on voit des oiseaux migrateurs passer la frontière dans le même sens, librement. Quand on parle d'humanité, finalement c'est l'humanité qui crée ce problème, les oiseaux et la nature en règle générale (on voit aussi un loup à un moment du film) n'ont pas de problème de frontière ou de géopolitique. L'autre scène, c'est vers la fin de la partie concernant les activistes. Trois adolescents sont recueillis dans une famille polonaise dont les 2 enfants parlent français, et on voit cette scène où les 5 ados chantent et rappent ensemble, sous le regard des parents. C'est un peu comme les oiseaux, les ados sont loin des pressions géopolitiques et peuvent se parler et s'amuser ensemble librement même si on imagine, vue la situation, que cette pause peut être de courte durée.

Je rapproche ce film d'un autre film qui pourrait être une suite, Ma France à Moi, qui parle d'un réfugié Afghan qui est accueilli et logé chez une femme en France. Dans ce dernier film, on ne parle pas de son périple pour rejoindre l'Europe, ce film fait donc référence à ce qui a peut-être pu se passer avant. Un autre film, que je n'ai pas encore le courage d'aller voir, est Moi Capitaine, qui montre à peu près la même chose, mais sur la route de la Méditerranée, tout aussi dangereuse voire même plus dangereuse car les éléments y sont hostile, on y fait référence dans Green Border, mais ça sera pour plus tard.

C'est un film poignant, bouleversant. Il a été filmé en noir et blanc, pour montrer cette forêt verte qui sépare la Biélorussie de la Pologne. Attention aux âmes sensibles, les images contenues dans ce film sont parfois très crues.

Voici la bande annonce :