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Véritable aventure en Angleterre

Cette fois, ce n'est pas un voyage mais une véritable aventure, avant, pendant, et encore après le voyage.

Toute l'histoire commence quelques jours avant le 10 juillet. Je prépare un voyage pour faire le tour de l'Angleterre. Il est annoncé que le 10 juillet, la quatorzaine obligatoire ne le sera plus pour les Français qui veulent aller en Angleterre, donc je prépare tout pour pouvoir aller là-bas avec quelques personnes.

On décide de partir à 3, avec Kyllian, et Charlie. Premier problème : Charlie a 16 ans, il faut alors l'autorisation parentale française, puis je découvre qu'il faut une autorisation en anglais pour l'autoriser à voyager avec moi, sans compter les habituelles déclarations d'entrée sur le territoire Britannique et les plans de vol et autres déclarations de douane. Avant même le vol, il a fallu rencontrer le père de Charlie (que l'on croise par hasard à Chateauroux lors d'un vol avec Fred, Kyllian et Charlie quelques jours avant le départ), prendre contact avec les douanes du Touquet, d'Oxford et les terrains sur lesquels on voulait s'arrêter pendant le voyage pour être sûr que, pendant cette période de Covid, les terrains étaient ouverts ...

Le vendredi 10, départ prévu vers 17h pour raisons météo et pour les occupations des uns et des autres. On part donc tous les 3, avec Kyllian et Charlie, direction Le Touquet. Jusque là, tout se passe bien, c'est beau de voler en bord de mer, donc direction Eu puis en longeant la côte jusqu'au Touquet.

Arrivée rapide, on éteint puis on va à la douane, pas de problème, même pas de demande d'autorisation de sortie de territoire pour Charlie, très souple. On paie la taxe puis on passe 10 minutes à la machine pour essayer d'obtenir un Twix et une bouteille d'eau, en vain. On repart rapidement direction Oxford.

Pour l'arrivée à Oxford, à cause du SARS-CoV-2, ils ont des horaires restreints, mais conservent les horaires officiels. Sur demande, ils ont donc ouverts pour nous attendre, car on est arrivé après 20h alors que le terrain ferme à 20h en ce moment. ouverture gratuite, et on est même arrivé à un peu avant l'heure prévu initialement.

Traversée de la Manche, cela faisait un moment que je ne l'avais pas fait, depuis août dernier, où l'on était parti faire le tour de l'Irlande. Cette fois, on prend au plus près de la capitale britannique, et on a une superbe vue sur la City et son aéroport.


On longe ensuite la ville en cherchant le terrain d'Oxford. On les a à la radio, mais impossible de le voir. A quelques 2000ft, on voit le terrain quasiment en-dessous. J'entend un "même pas cap" derrière moi, et je plonge sur la piste, aussi longue que celle d'Orléans, je pose quelques minutes après, au milieu de la piste, et je m'arrête assez loin de la fin de la piste. Cap ! (Faut bien s'amuser, en toute sécurité, en restant prêt à remettre les gaz à tout moment).

On a rejoint Johann sur place, qui est au CAE pour faire son ATPL théorique, comme Kyllian et moi. Et comme Kyllian venait de faire des examens la veille et le jour-même, Johann, lui, venait de terminer son ATPL théorique avec succès le jour même. C'était donc soirée bien arrosée le soir à l'aéroport d'Oxford, dans les habitations du CAE. Je précise que Kyllian et moi, on est sans alcool, donc le 3ème en a un peu profité, et Johann aussi.
Rendez-vous le lendemain vers 10h pour faire la nav la plus intéressante du parcours.

Johann m'a très gentiment prêté sa voiture pour nous permettre d'aller à l'hôtel, un Bed and Breakfast un peu vieillot du centre ville, mais tout à fait typique.

Le lendemain, rendez-vous à l'aéroport d'Oxford un peu avant 10h. On prépare l'avion, les pleins avaient été faits la veille, tout est donc prêt pour passer une journée complète en l'air, à faire le tour de l'Angleterre. Puisque l'Ecosse et le Pays de Galle imposaient encore la quatorzaine, on est donc resté en Angleterre, et c'est déjà pas mal.

On décolle un peu après 10h, direction le nord-est.

Je voulais passer par Nottingham car j'y ai habité plusieurs année, et on a pu survoler la ville facilement.

Toutes les zones militaires et certains aéroports étant fermés, la navigation était assez simple, il suffisait de suivre les paysages. On a donc simplement longé la côte vers Grimsby/Hull, jusqu'à Middlesborough, c'est moi qui pilotais.


L'idée était d'atterrir à Tees Valley, un terrain comme Oxford, près de Middlesborough, mais impossible d'avoir quelqu'un au téléphone. D'un autre côté, aucun NOTAM n'indiquait que le terrain était fermé, au contraire. Et sur leur site, ce n'est pas non plus indiqué qu'il fallait faire un PPR. Donc on y va. On écoute un peu la radio vers 12h15 mais ils ne nous entendent pas, et la personne qui parle annonce la fermeture pour 30 minutes du service. Le temps d'arriver au terrain en continuant par la côte, puis de Middlesborough jusqu'à Tees Valley, ça faisait donc 30 minutes. On arrive vertical au moment de la réouverture du service. A la radio, c'est pareil, c'est pas très clair : terrain ouvert mais pas vraiment, mais pas fermé, enfin pas vraiment non plus. Petite négociation, et ils acceptent de nous permettre d'atterrir, juste pour changer le pilote.

On nous fait remarquer une fois au sol, qu'il est préférable d'appeler avant, et qu'on a de la chance qu'il y avait quelqu'un. OK.

On repart, Kyllian pilote. On continue la nav le long de la côte, et on passe dans les zones de Newcastle. C'est très beau.

Kyllian fait la radio, je le guide sur la nav à demander et tout se passe très bien. On longe la frontière vers le mur d'Hadrien et on s'interroge : où est ce mur, alors que tous les champs en-dessous sont entourés de murs !!!

On prend la vallée qui va de Newcastle à Carlisle, et c'est très beau. Collines à gauche, collines à droite, c'est beau.


On arrive vers Carlisle, mais comme le terrain est fermé, on va jusqu'à Kirkbride, un petit terrain pas trop loin de la mer.

On gare l'avion devant un tas de fumier, enfin devant la pompe, c'est pareil. La ferme se mélange avec le terrain, bizarre, mais pourquoi pas.


Un monsieur vient nous ouvrir la pompe pour faire le plein, et on fait une petite pause dans sa guérite le temps de boire un peu d'eau, et de manger pour ceux qui avaient pensé à emmener qqchose.

Pour la 3ème branche, je reprends le manche, et on longe toute la côte ouest de Silloth jusqu'à Liverpool.

On reste sur la mer, et on passe la baie de Morecambe. Dans le petit village de Hest Bank, j'ai passé les vacances de mon adolescence dans une famille anglaise qui habitait là. Tous les étés, le fils qui avait un an d'écart avec moi venait passer quelques semaines en France et avant, pendant ou après, je faisais de même. On est même allé dans les écoles de l'autre, et j'ai aussi fait connaissance avec les Scouts là-bas ...


On a continué vers la Blackpool Tower, un genre de parc à thème autour de la tour qui ressemble à une petite tour Eiffel. On a même pu/du faire un 360 en attendant une arrivée IFR sur le terrain de Blackpool, ce qui nous a permis de bien voir la côte à cet endroit.

Ensuite, on a continué à longer la côte jusqu'à Liverpool, puis on est rentré dans les terres en passant par Chester (terrain d'Hawarden) où on avait du s'arrêter l'année dernière en rentrant d'Irlande. Cette fois, on dit bonjour et on passe pour aller vers Tatenhill.

J'avais repéré ce petit terrain, histoire d'en faire un nouveau dans le coin, à quelques minutes d'Oxford. Le terrain est un peu comme celui de Kirkbride, sans le fumier. On s'arrête là, fait une petite pause, et un groupe de photographes amateurs d'avion s'intéresse à l'avion et prend des photos. On les retrouvera quelques jours après sur JetPhotos.

On repart tranquillement vers Oxford. Je pilote et Johann fait la radio. C'est un peu compliqué de contourner Coventry et les zones de Birmingham, mais tout se passe bien et on arrive enfin à Oxford vers 18h, après avoir fait 5h27 de vol sur la journée.

On a faim. Johann nous emmène dans un resto asiatique au centre ville. C'est un peu compliqué avec le SARS-CoV-2, de trouver des restaurants ouverts où l'on peut manger car il y a beaucoup de restrictions, notamment seules les terrasses sont ouvertes. Ça laisse peu de choix mais on a bien mangé, enfin certains pas assez, mais bon, une glace plus tard, et tout se termine bien !


Deuxième nuit à l'hôtel, et retour prévu le lendemain, le dimanche, car tout est prévu comme ça.

On arrive comme la veille vers 9h. On paie les taxes, on prépare tout, et on met en route. La mise en route se passe bien, je laisse chauffer, et on roule au point d'arrêt. En roulant, je sens que le moteur a des petits râtés. Pas vraiment perceptibles à l'écoute, mais plutôt aux vibrations. Bizarre mais bon, on continue et on fait les essais moteurs. Heureusement, pas d'avion derrière, on est tranquille pour faire quelques essais ... et là, ça va pas.
On commence à 2000rpm, magnéto gauche, le moteur descend à 500rpm ! Magnéto droite, tout bon. Quelques essais vers 1500rpm puis 2000rpm qui donnent des claquements et un moteur qui redescend à 500rpm, voire qui cale si on est à 1200rpm puis que l'on met la magnéto gauche uniquement.

J'informe donc la tour, on remonte la piste et on sort au prochain taxiway car impossible de faire demi tour, d'autres avions attendent, et on retourne au parking. Pour faire quelques essais, je gare l'avion un peu de travers pour éviter de souffler le Cessna qui se trouve derrière.

J'appelle un mécanicien local, car nous sommes dimanche, et mon mécano est uniquement disponible par SMS. Les 2 me donnent un peu les mêmes infos : essayer d'appauvrir le mélange pour nettoyer les bougies si ça peut être ça le problème, et si ça donne rien, ben faudra changer la magnéto gauche, voire toutes les bougies.

La magnéto gauche a quelque chose de spécial : elle permet de faire démarrer le moteur grâce à un ressort, pour donner une vraie étincelle lorsque le moteur ne tourne pas assez vite, ce que la magnéto droite ne fait pas. Donc lorsque le moteur démarre, normalement la magnéto gauche fonctionne. Or apparemment, dans le cas présent, elle semble donner une étincelle sur 3 ou 4, donc le moteur démarre mais ne peut pas fonctionner durablement avec cette magnéto.


A midi, on capitule, l'objectif de faire démarrer l'avion est remplacer par celui de rentrer à la maison, et ce n'est pas simple un dimanche de Covid-19 !

Heureusement que j'ai une bonne assistance avec l'assurance de l'avion. Je les contacte, il faut presque une heure pour ouvrir le dossier, fournir toutes les infos, et avoir la confirmation. Ensuite c'est à moi de jouer, et à mes 2 acolytes. Il faut trouver un moyen d'atteindre un aéroport, prendre un avion de ligne, et trouver un moyen de retourner à St Denis de l'Hôtel pour récupérer les voitures. Cela se fera en 4 temps : train vers Londres, métro vers l'aéroport de Gatwick, puis avion de ligne (Vueling vers Paris) et un Über vers Orléans.

On sera rentré pour minuit, malgré le décalage horaire d'une heure, et compte-tenu de l'achat en dernière minute, c'est un exploit !

Pendant un peu plus d'une semaine, je vais discuter avec mon mécanicien pour qu'il commande les pièces, et je vais aller les chercher, avant que Kyllian et moi retournions chercher l'avion.

On repart donc le 22 juillet vers l'Angleterre. Heureusement, il est toujours possible d'y aller sans quatorzaine. On repart avec Air France (30€ en utilisant les points, alors que le prix du billet était autour de 1000€ par personne pour un aller simple à cette date !).


Au moment de passer la douane à Londres, comme l'Angleterre a quitté l'UE le 31 janvier 2020, c'est la même file d'attente pour tous, sauf si on a un passeport biométrique, que je n'avais pas sur moi à ce moment-là. Je passe avec Kyllian, et on a le droit à un petit interrogatoire de la part d'un douanier qui nous demande pourquoi on vient en Angleterre. Au lieu de répondre "pour visiter Londres", je réponds "pour venir chercher un avion qui est en panne à Oxford". La réponse ne lui a pas vraiment plu, alors il a essayé de creuser qui on était, comment on se connaissait, et pourquoi on venait, et même pourquoi on avait un avion. Comme ça m'amusait de lui répondre, je crois que je souriais un peu trop, ce qui a du l'agacer un peu. Au bout de plusieurs minutes, il a compris qu'on était juste des touristes, avec un avion au lieu d'une voiture, et il nous a laissé partir.

On a ensuite fait le chemin inverse : train, puis métro, puis train vers Oxford, et on a fini au Jury's Inn, un hôtel d'Oxford.

Les choses sérieuses ont commencé le lendemain à 8h. On est arrivé à l'aéroport d'Oxford. On voulait être là tôt pour essayer de démarrer l'avion et voir si le problème était toujours présent. On avait ensuite rendez-vous à 9h avec un mécanicien qui était de Gloucester, et qui avait les autorisations nécessaires pour venir faire l'échange de la magnéto, ce qui est un peu plus difficile à trouver en Angleterre qu'en France, à cause du fait que le DR-400, avion en bois et toile, n'est pas aussi répandu qu'en France.

Pour le démarrage, impossible, après quelques essais, il ne démarre pas.

Vers 9h30 et après plusieurs discussions avec la sécurité pour que le mécanicien puisse rentrer avec sa voiture et son matériel sur le parking central, le démontage de la magnéto gauche a commencé. Normalement, on aurait du amener l'avion dans un endroit spécifique pour qu'il puisse travailler, mais comme on ne pouvait pas le démarrer, impossible de le bouger, c'est le mécanicien qui est venu à lui.


Vers 11h, gros problème : une vis permettant de séparer les câbles allant vers les bougies de la magnéto ne peut pas être enlevée, il faut une perceuse pour l'enlever. Malheureusement, il n'a pas cet outil dans sa camionnette, il doit donc retourner à Gloucester pour faire l'opération.

On avait prévu de repartir vers midi, et même de voler un peu en Angleterre avant de rentrer en France, et là, l'espoir s'envole. Il repart à Gloucester, et Kyllian et moi allons faire un tour sur les bords de la rivière pour manger tranquillement le midi.

On trouve un petit restaurant qui sert en intérieur malgré le coronavirus, mais il n'y a pas foule. La balade est sympa ...


Vers 14h, on est de retour et le mécanicien aussi, et il nous prévient qu'il lui faudra encore plus d"une heure pour tout remonter.

Tout est bon un peu avant 16h, on vérifie les papiers, et il repart. Le temps de faire le nécessaire de notre côté et de préparer l'avion pour le retour, on décolle à 16h direction Le Touquet le plus directement possible.


On repasse la douane au Touquet, et je tente à nouveau d'aller cherche une barre au chocolat à la machine. La réaction n'est pas la même, mais en vain, impossible de récupérer quoi que ça soit. Un verre d'eau, et on repart après avoir expliqué à la douane qu'on va en France et qu'on n'a pas besoin d'aller les voir après avoir passé l'autre bureau de douane en arrivant.

Tout est bon, et on repart, Kyllian prend le manche jusqu'à Orléans, où l'on arrive un peu avant 21h.


Le lendemain, on amène l'avion à Cosne sur Loire pour la visite des 100h, et tout est bien vérifié.

C'est la première fois qu'un problème mécanique réel se produit aussi loin. Après avoir démonté la magnéto gauche, elle était manifestement cassée, le ressort de démarrage aussi, et certainement une autre pièce interne. Les allés et retours et le mécanicien a coûté plus de 1000 euros, sans compter les pièces en elles-même (magnéto et bougies). L'assurance doit tout prendre en charge, on verra le résultat fin août car les délais sont longs.

Autant ça ne me gêne pas d'être bloqué par le mauvais temps sur un terrain, car c'est temporaire et dès que ça se dégage, on peut partir. Autant pour des raisons mécaniques, c'est tout de suite beaucoup plus compliqué, car il faut un mécanicien agréé, des pièces détachées, et on est sûr de ne pas pouvoir repartir tout de suite. Et en même temps, c'était intéressant de s'occuper de l'organisation du retour, et de voir que même dans un autre pays, on pouvait rentrer le soir-même à la maison !